Aavel était partie sans prévenir personne à Forêstrange. Elle savait pourtant depuis bien longtemps qu'elle le ferait. Elle avait mûrement réfléchi cette décision et avait organisé ces affaires depuis un mois avant son départ.
Elle avait lu dans un livre qu'il existait de nombreuses plantes aux vertus intéressantes ici. Certaines étaient communes, d'autres plus rares. Elle avait l'intention de visiter ce lieu pour en apprendre un peu plus, même si les elfes n'étaient pas toujours les bienvenues. Dans sa robe verte sapin de voyage, elle portait une capeline pourpre dont le capuchon camouflait les extrémités en pointe de ses oreilles.
Elle avait laissé son cheval alezan en dehors de la ville dans une petite grotte dont l'entrée était cachée par un énorme buisson. Aavel se demanda si on lui déroberait mais n'osa pas rester trop longtemps sur cette idée de cheval volé...

La jeune elfe s'accroupit donc devant un buisson aux minuscules fleurs bleues. Elle se demanda s'il était possible d'utiliser les pistils à des fins de colorations de tissu. Elle glissa ses doigts entre les feuilles. Leur dos accrochait les doigts tandis que le dessus des feuilles était très doux.

- Est-ce une ville mystérieuse ? se demanda-t-elle, tout haut.

Myrr était sortie pour tenter de sécher ses larmes à lumière du soleil. Sa mère avait rendu son dernier souffle peu de jours avant et la jeune naine n'en était toujours pas remise. Elle se sentait très seule dans cette ville humaine sans la protection de sa sorcière de mère. Le vent frais la calma un peu et elle respira bien fort. Elle aimait venir dans cet endroit préservé par la nature pour étudier plus en détail les plantes qui servent aux potions, comme elle le faisait enfant, quand la sorcière tentait encore de lui apprendre les rudiments de la magie. Alors qu’elle s’était arrêté devant un parterre de fleur et qu’elle s’entraîner à reconnaître leur différent nom, scientifique et vulgaire et leur pouvoir cosmétique et médicale elle entendit un bruit qui la fit sursauter. Une silhouette encapuchonnée conduisant un cheval s’approcha et Myrr effrayée se cacha derrière un arbuste. La silhouette s’accroupit devant le buisson où était Myrr et se mit à l’étudier.

« Est-ce une ville mystérieuse ? »
entendit la jeune naine. Au son flûté de la voix, Myrr eut honte de s’être caché ainsi et mis sa peur sur le compte du chagrin. Elle décida de sortir de sa cachette et tenta de se donner une contenance au moment où elle apparut.

« Cette ville est on ne peut plus ordinaire » répondit-elle alors qu’elle se mettait debout, ses fins poils de barbes et les cheveux tout emmêlés de fleur et de feuilles arrachés au passage.